Origines de Terre d'Éveil
J’ai rencontré Julien au Café de la Mairie, à Vincennes. C’était en mai 2022. Il souhaitait connaître les circonstances de la création de l’association Terre d’Eveil. Quelles motivations m’animaient ? Quels buts je poursuivais, etc. …et qui j’étais ! Ce fut une conversation à bâtons rompus, je n’avais rien préparé. Julien prenait ses notes. Plus tard, il m’a envoyé la transcription de l’entretien, qui est resté dans ma boite lettre pendant un an sans que je l’ouvre. Et puis je l’ai lu et ça m'a intéressé. Mais il y avait quelques erreurs de date, de lieu et de nom. J’ai proposé de corriger. J’en ai profité pour supprimer quelques répétitions, compléter ce qui n'était pas clair, remodeler un peu le texte pour en faciliter la lecture. Le texte qui suit a toujours pour base la transcription de l’entretien mais il a quelque peu évolué, car je me suis pris au jeu de l’écriture.
Fondation progressive de Terre d’Eveil
Au départ, je n’avais pas en tête de créer une association, ça s’est fait un peu par hasard, au fil des événements.
Les deux premières années, les retraites n’ont pas été organisées dans le cadre d’une association. Mais très vite nous avons eu besoin d’un compte en banque et il a bien fallu le créer au nom d’une association. Martin Aylward m’a permis d’utiliser le nom de son association “Dharma Network” (Je voulais éviter de créer une nouvelle association, avec tous les tracas qui l’accompagnent !), nous sommes devenus “Dharma Network Paris”. Par la suite, nous n’avons plus été autorisés à utiliser ce nom. Je me suis un peu tordu les méninges pour trouver un nom pour la création d’une nouvelle association. Finalement j’ai trouvé Terre d’Eveil, avec “Terre” pour signifier que notre association devait avoir une base concrète, ancrée dans la vie, et “Éveil” pour évoquer la dimension spirituelle, tournée vers l’infini, le ciel, la transcendance du petit moi.
La première retraite a été le fruit d’un hasard : Stephen et Martine avaient été invités par le président de l’Université Bouddhique Européenne pour une conférence, un samedi. J’ai demandé à Stephen et Martine s’ils accepteraient de conduire une journée de méditation le lendemain. A l’époque, je pratiquais à Dana, le centre zen de Montreuil. J’ai demandé à Roshi Catherine, le maître du lieu, la permission d’organiser une journée de pratique dans son centre, ce qu’elle a accepté gracieusement. Mais comment trouver suffisamment de participants pour justifier une journée de pratique ? Je n’avais pas un carnet d’adresses très fourni, seulement quelques amis. J’ai demandé à Gaïa House, le centre Vipassana anglais, de me fournir des adresses de Français qui auraient participé à des retraites dans ce centre.
C’est comme ça qu’est arrivé Renée Rousso ; ensuite j’ai utilisé mon réseau, constitué principalement de personnes rencontrées au Village des Pruniers, mais pas seulement.
C’est comme cela que Terre d’Eveil a débuté, en avril 2001, avec plus de 30 participants. Pour moi c’était une opportunité pour faire connaître les enseignements des Batchelor et plus généralement cette tradition Vipassana, alors très peu connue en France, en dehors du mouvement de S.N. Goenka, implanté dans l’Yonne (et dans le monde entier). Je savais que Stephen avait beaucoup de choses nouvelles à dire, une vision et une compréhension non conventionnelle de l’enseignement du Bouddha, et je souhaitais la faire partager. La journée a été un franc succès. Pour moi tout devait s’arrêter là.
Mais devant l’enthousiasme soulevé par cette journée, je me suis dit qu’il serait dommage d’en rester là. Les Batchelor avaient un agenda très chargé. Si je voulais donner une suite à ce premier essai, il fallait que je me tourne vers un autre enseignant.
J’ai fait le tour des amis qui étaient susceptibles d’enseigner et j’ai naturellement pensé à Charles Genoud, que j’avais connu en Inde et en Suisse. Il m’a dit : “Tu sais qu’on vient déjà à Paris, à l’invitation de Gilles de Obaldia. Prends contact avec Gilles pour voir si quelque chose peut être organisé en commun”. Et c’est comme ça que Gilles nous a rejoints pour une nouvelle retraite avec Charles et Patricia Genoud, cette fois-ci sur un week-end, et toujours au centre zen de Montreuil. C’était en novembre de la même année.
Rencontre avec Stephen Batchelor et la tradition tibétaine
Stephen a joué un rôle indirect mais essentiel dans la création de Terre d’Eveil. Voici pourquoi.
J’avais rencontré David, un américain de mon âge, dans l’autocar qui nous conduisait du Temple d’Or d’Amritsar au village himalayen de Dharamsala, lieu de résidence du Dalaï Lama. Arrivés à Dharamsala, nous sommes descendus dans le même hôtel. À l’époque, je ne connaissais rien du bouddhisme. Je ne savais même pas qui était le Dalaï Lama et encore moins qu’il résidait précisément à Dharamsala ! Le lendemain de notre arrivée, David a entendu parler d’un maître bouddhiste, un lama, qui donnait des enseignements dans la montagne au-dessus de Dharamsala, près du petit village de McLeod Ganj. Il m’a invité à l’accompagner. C’est sur le chemin de montagne qui me conduisait à la « Tibetan Library », où se déroulait l’enseignement, que j’ai rencontré Stephen. Il habitait une petite maison sur le bord du chemin et allait lui aussi assister aux enseignements du lama. On était en décembre 1973. J’ai payé les droits d’admission aux cours et je me suis installé à Dharamsala pour suivre les enseignements du lama.
Stephen et moi on s’est suivi de nombreuses années. Quand j’ai quitté l’Inde pour rentrer en Europe, après trois années d’étude et de méditation, j’ai entendu parler d’un monastère bouddhiste qui s’ouvrait en Suisse à l’initiative d’Anila Ansermet, la fille du célèbre chef d’orchestre suisse. Stephen y était déjà avec d’autres étudiants que j’avais connus en Inde. On s’est retrouvé. Pendant quatre années, nous avons étudié et pratiqué ensemble auprès de Geshé Rapten à Tharpa Choeling, Mont Pélerin. Entretemps Stephen avait été promu enseignant.
Mais revenons à cette première journée d’enseignement à la Tibetan Library of Works and Archives. C’est là que j’ai suivi mon premier cours d’initiation à l’enseignement du Bouddha, version tibétaine : un événement fondateur dans ma vie et une coupure radicale avec mon passé.
Il faut se remettre dans le contexte de l’époque. Il y avait dans cette salle une trentaine d’occidentaux, assis en tailleur. Dix nationalités différentes : Australiens, Américains, Suédois, Allemands, etc. Des gens comme moi, des voyageurs, arrivés là, pour certains, un peu par hasard, qui ont vite été fascinés par ces Tibétains qui représentaient l’antithèse de ce que nous étions. Il y avait là des hippies, des déracinés, des chercheurs qui ne savaient pas vraiment ce qu’ils cherchaient. Il y avait aussi quelques adeptes de haschisch et du LSD. Le lama ? Il m’est apparu aussi solide qu’une montagne, complètement à l’aise parmi tous ces étrangers dont il ne comprenait ni la langue ni la culture, lui qui avait tout perdu en fuyant l’invasion chinoise avec des dizaines de milliers de Tibétains. Une force tranquille, sereine. Geshé Dharguey nous enseignait le dharma pendant deux heures chaque jour, traduit en anglais par les moines Khamlung et Sherpa tulku. C’est étonnant que je me souvienne encore de ces noms 50 ans plus tard ! C’était tellement nouveau, exotique, incroyablement surprenant que tout cela a laissé une trace persistante dans ma mémoire.
Imagines-toi : tu rentres dans une salle de classe d’une cinquantaine de mètres carrés. Tous les élèves sont assis en tailleur. Une belle lumière illumine leurs visages, un bonheur évident, très frappant. De toute évidence ces gens se sentent privilégiés d’être là.
Je ne savais pas trop à quoi m’attendre. J’étais un rebelle : la religion, c’était l’opium du peuple. Dans les années qui ont suivi mai 68 j’avais manifesté contre ceci, contre cela. J’avais la vingtaine. J’étais très malléable, mais j’ai vite pris du recul par rapport à la mouvance mai 68. Ça ne menait à rien. Je me suis enfui de l’université de Dijon. J’avais perdu mes illusions quant à réformer la société. Et puis j’avais lu Voyage au bout de la nuit , de Louis Ferdinand Céline. Céline a fini de me dégriser !
Retour à Dharamsala. Je me souviens qu’en entrant dans cette salle de classe, la salle d’enseignement et de méditation, j’ai pris une décision ferme : “Je vais m’abstenir de tout jugement. Je vais réserver mon opinion. Je vais essayer de maintenir l’esprit vierge d’un observateur, sans à priori”. Je me rappelle clairement avoir pris cette décision assez extraordinaire, vu mon passé anticonformiste de militant de gauche. C’était une nécessité. Beaucoup à ma place aurait pris la fuite devant toute la religiosité, les manifestations de dévotion, les prosternations devant le lama ou le Bouddha, toutes les marques de révérence, et tous les rituels qui les accompagnaient. Au début, je ne comprenais pas grand-chose aux enseignements. Pas évident de prendre le train en cours de route. Ce n'est donc pas l’intérêt pour l’enseignement qui m’a fait rester. C’était l’ambiance, ce qui rayonnait sur les visages de ces jeunes occidentaux et celui du lama. Ce qu’ils dégageaient, l’énergie positive et lumineuse qui émanait de leur être. Et aussi cette fascination pour quelque chose de complètement nouveau et imprévu et que je soupçonnais déjà être profond et allait m’ouvrir de nouveaux horizons, de nouvelles perspectives. Porté par le groupe, je m’y suis inséré naturellement. Tous et toutes étaient si ouverts, si sympathiques, si joyeux, si avides de découverte, si beaux aussi …
J’ai suspendu mon jugement, mais ça n’a duré qu’un temps : être observateur, c’est demeurer à l’extérieur, avec peu de chance de comprendre ce qui se passe autour de soi. L’immersion devait être totale. L’enseignement quotidien durait deux heures. Pendant les dix dernières minutes, le lama nous proposait de fermer les yeux et de visualiser le Bouddha comme s’il était vivant, là, devant nous, émanant une lumière bienfaisante qui pénètre tout ton être. C’est une méditation tantrique. J’attendais toujours cette partie de l’enseignement avec impatience. Pour que ça marche il fallait laisser tomber toute réticence ou inhibition.
Mon père avait été bouddhiste dans sa jeunesse. Je n’étais pas complètement en terrain inconnu. J’ai vécu toute mon enfance et adolescence en compagnie d’une magnifique statue en bronze du Bouddha siégeant sur le buffet de la salle à manger. J’imagine que pour un occidental normal ça devait paraître assez étrange de méditer sur la visualisation d’un Bouddha qui émet de la lumière, tout en récitant un mantra pour favoriser la concentration. Pour moi, non.
Les semaines, les mois ont passé. Stephen a demandé l’ordination de moine, et moi j’ai pris les refuges, c'est-à-dire que je suis devenu bouddhiste. C’était en mai 1974. Puis j’ai étudié avec d’autres lamas, notamment au Népal. J’ai fait beaucoup de retraites, certaines de plusieurs mois. Je suis rentré en Europe en juin 1976. Je me suis inscrit aux Langues O en civilisation tibétaine, à Paris. Mais les études académiques, ce n’était pas pour moi.
Je me suis rendu en Italie auprès de pratiquants que j’avais connus en Inde et j’ai participé à la création d’une communauté bouddhiste près de Pise. Puis j’ai entendu parler de l’ouverture d’un monastère en Suisse. J’avais envie de faire des études sérieuses. Je m’y suis rendu. J’y ai retrouvé Stephen, Charles, Anne Michel et bien d’autres que j’avais croisés sur les chemins de l’Inde et du Népal. Peu de temps après j’ai demandé l’ordination. Nous formions une communauté d’environ 25 moines occidentaux, encadrés par deux ou trois lamas tibétains. Au moins dix nationalités différentes. Ça n’a pas été la partie la plus excitante de ma vie. Mais c’était confortable, on était bien logés et bien nourris.
En fin de compte je n’étais pas fait pour les études et j’étais dans un monastère consacré à l’étude des textes sacrés. Je voulais méditer. Le lama nous disait que nous n’étions pas prêts pour aborder la méditation. Il fallait d’abord étudier. Alors je suis parti, après quand même quatre années d’études ; enfin je n’étais pas très assidu ! Mais c’est aussi la période où j’ai vécu une sorte de crise, vers la fin des années 1970. Des doutes m’ont assailli quant à la validité de l’enseignement, plus précisément par rapport aux croyances à la réincarnation et au karma. Ça s’est produit progressivement. Pour les Tibétains, ces choses ne sont pas des croyances, ce sont des faits établis. Or, après y avoir beaucoup réfléchi, ces enseignements de doctrine tibétaine me semblaient un peu archaïques et à vrai dire plutôt bizarres. Je n’étais plus convaincu. Et quand on est plus convaincu, il est très difficile de continuer dans la voie tibétaine car ces croyances sont à la base de toute la pratique de la voie tibétaine.
Ici je dois mentionner l’influence que Stephen a eue sur ma formation et ma réflexion. J’ai dit qu’il enseignait. En même temps il s’intéressait à la philosophie occidentale, essayant d’établir des ponts entre les deux traditions philosophiques. C’est comme çà qu’il m’a fait connaître les philosophes existentialistes, et plus particulièrement Paul Tillich, que je continue à lire 45 ans plus tard et qui a joué un rôle non négligeable dans ma vie. Donc dès la Suisse j’avais conçu une grande admiration pour Stephen et je le considérais un peu comme un maître.
Après avoir quitté le monastère en Suisse, je me suis réfugié à la Fondation Alexandra David Neel à Digne-les-Bains. J’y ai passé six mois, à l’occasion traduisant du tibétain en français pour le lama résidant. Mais j’avais toujours autant envie de méditer…
Vipassana
Ça faisait quelque temps que j’entendais parler de longues retraites, mais dans une autre tradition, la tradition Theravada et plus particulièrement celle du « mouvement » de méditation Vipassana. Un centre aux Etats-Unis organisait des retraites intensives de trois mois. Ceux qui en revenaient étaient ravis, enthousiastes, conquis. J’étais libre, j’avais un peu d’argent, j’ai débarqué au centre de méditation de Barre, Massachusetts, à l’Insight Meditation Society (IMS) en octobre 1981, et la retraite de trois mois qui a suivi a été une expérience fascinante, une exploration intense de la psyché et de ses mécanismes en même temps qu’une découverte de la nature profonde de l’être. Porté par le groupe et le charisme des enseignants qui défilaient à l’IMS (Joseph Goldstein, Jack Kornfield, Sharon Salzberg, Christina Feldman …,), je suis resté 9 mois.
Je n’étais pas complètement un novice Vipassana. En janvier 1975, je passais par Bodh Gaya, en Inde, où une retraite intensive de 10 jours allait commencer, guidée par S.N. Goenka. Je me suis « enrôlé » et j’ai suivi les instructions dispensées par le Maître à la lettre. Ce fut une expérience bouleversante, puissante… j’ai du mal à la décrire. J’étais sur un nuage, assis à quelques mètres de notre enseignant, buvant ses instructions comme on reçoit un nectar. Après quelques jours, je suis devenu transparent. Mon corps flottait, j’étais un corps de lumière, plus aucune lourdeur, plus d’épaisseur. Une sensation de bien-être, d’acceptation totale, d’abandon, une sorte d’état de grâce, un sentiment de gratitude d’être simplement là, éprouvant de l’amour pour tout ce qui est.
Avec le recul que j’ai maintenant, je me rends compte que ce j’ai pratiqué au cours de cette première retraite n’était pas vraiment Vipassana mais samatha, c’est-à-dire un exercice de concentration qui peut conduire au samadhi. C’est lui qui procure bien-être, transport joyeux, voir l’extase. Vipassana, c’est autre chose et ça viendra plus tard.
J’étais conquis, mais ce n'est pas pour autant que j’ai voulu poursuivre sur la voie de Vipassana. Je suis revenu chez les Tibétains mais cette expérience a été si intense qu’elle restera gravée en moi. Pour Stephen, qui a participé à la même retraite, l’expérience a également été déterminante pour les choix qu’il opérera plus tard.
Les Tibétains prodiguent une fondation théorique très solide. Ils te font réfléchir sur la vie, ta vie, le fait d’être au monde. C’est une expérience féconde et créative. Le fait d’être dans un contexte propice, à des milliers de kilomètres de chez soi, facilite bien des choses. A Dharamsala les enseignements bouddhistes ne paraissaient pas « exotiques » comme ils me seraient apparus en France, dans une salle de conférence parisienne.
Le peuple tibétain est immergé dans ses croyances (pour eux il ne s’agit pas de croyances). Tu acceptes leur culture parce que c’est leur culture, leur monde à eux. Ils ne te demandent pas de la partager. Mais c’est la confrontation entre deux mondes qui se télescopent qui t’interpelle : la modernité occidentale profane, séculière et laïque versus leur monde religieux et sacré. Cela provoque une intense réflexion sur ce que nous sommes, sur nos buts, nos aspirations, nos valeurs, notre mode de vie, notre perception de la réalité. C’est très fécond. Être confronté à une culture aux antipodes de la nôtre nous oblige à nous poser des questions sur nos propres croyances, nos certitudes et sur des faits et des choses que jusqu’à là nous considérions comme acquis. Il faut tout reprendre à zéro.
Cette retraite de neuf mois à L’Insight Meditation Society en 1981/1982 a représenté une étape importante dans ma vie. Je l’ai vécue comme « une renaissance ». Mon horizon s’est élargi. J’ai compris que la méditation Vipassana était ma voie. J’ai vécu quelque chose d’intense et fait la connaissance d’enseignants extraordinaires qui possédaient une approche différente et novatrice de l’enseignement du Bouddha. Surtout, ils allaient à l’essentiel et ne s’embarrassaient pas de croyances. Seule comptait le vécu, l’expérience. Je fus immédiatement séduit. De retour en France, j’ai continué la pratique Vipassana à Beatenberg en Suisse et à Gaïa House, en Angleterre. Parallèlement je faisais la connaissance de Thich Nhat Hanh et du Village des Pruniers, un amour qui a duré plus de dix ans, mais c’est un autre sujet.
L’équivalent de Gaïa House en France
J’avais espéré que quelqu’un créerait un jour l’équivalent de Gaïa House ou de Beatenberg en France. A partir du moment où j’ai embrassé le mouvement Vipassana j’en ai été un soutien total, mais je ne m’imaginais pas du tout en fondateur de quoi que ce soit, je n’ai jamais eu cette ambition.
Au lendemain de cette première journée de pratique au centre zen Dana, il m’a semblé qu’on ne pouvait pas en rester là. Il devait y avoir une suite, sinon à quoi bon ? L’énergie générée allait se perdre dans les sables de l’oubli. Petit à petit l’idée de créer l’équivalent de ce que j’avais vécu en Angleterre, à Beatenberg en Suisse et à l’Insight Meditation Society, ou quelque chose qui s’en approcherait a fait son chemin. Je me rendais régulièrement dans les centres Vipassana en Suisse et en Angleterre. J’avais acquis une bonne pratique. Vient le moment où on a envie de partager ce que l’on a reçu. J’avais reçu beaucoup des Tibétains, des enseignants indiens et occidentaux. A un moment surgit le besoin de donner à son tour. Il me semble que c’est quelque chose de naturel.
Les Batchelor et les Genoud ne pouvaient pas dégager suffisamment de temps pour assurer la continuité. Il me fallait trouver d’autres enseignants. Les deux premières années l’association a fonctionné avec Martine et Stephen Batchelor, Patricia et Charles Genoud. Dès la troisième année, en 2003 donc, J’ai fait appel à Martin Aylward et à Anne Michel - que j’avais rencontrés à plusieurs reprises - parallèlement aux deux couples fondateurs. Puis il y a eu Ajahn Tiradhammo, le premier moine, tradition de la forêt d’Ajahn Chah. Bhante Henepola Gunaratana nous a aussi fait l’honneur d’enseigner à Terre d’Éveil, traduit par Marianne Coulin, Jeanne Schut et Gilbert Gauché (qui a par la suite aussi enseigné pour Terre d’Éveil). 2005 a été une année très spéciale avec sa tournée européenne (France, Angleterre, Suède, Suisse) organisée par Terre d’Eveil, et qui a généré un énorme enthousiasme. Devant ce succès une seconde tournée européenne fut organisée en 2007 avec autant de succès, qui nous a emmené en Allemagne et jusqu’en République Tchèque.
Ensuite il y eu Akincano, Ariya Nani, Pascal Auclair, Francis Chauvet, Gregory Kramer, Ajahn Sundara, et d’autres …, chacun contribuant à élargir l’horizon de Terre d’Eveil en proposant des approches différentes tout en restant dans le cadre stricte de Vipassana et de l’école Theravada.
Certains enseignants d’autres traditions bouddhistes ont été invités pour des soirées de pratique et d’enseignement comme Catherine Pagès Roshi, Amy Hollowell, Fabrice Midal, Lama Namgyal…
Après dix années à la direction de Terre d’Eveil, l’association était florissante. La relève était assurée. Je me suis retiré.
Gratitude
Je ressens une vive gratitude pour toutes les personnes qui se sont engagées au fil des années au sein de Terre d’Éveil, en prenant part au CA, en accompagnant les retraites, en participant activement pour assurer la continuité du fonctionnement de l'association.
Je suis heureux de réaliser que tant de personnes ont pu méditer et bénéficier des enseignements grâce à l’existence de cette association.
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